septembre 2002
L’idée qui guide les pas de l’Association est toujours celle de permettre à la personne en situation d’handicap(s) de vivre autant que faire se peut « normalement » en lui donnant les moyens de construire et de vivre ses projets, aux côtés ou indépendamment de sa famille.
C’est ainsi que l’Association GEIST 21 Gironde participe depuis le mois de mars 2002 et jusqu’à fin décembre 2002, en concertation avec l’Association Française contre les Myopathies (AFM) et l’Association des Paralysés de France (APF), à une expérimentation nationale sur le thème des missions et profil d’un TECHNICIEN d’INSERTION.
Sans retracer l’historique de cette expérimentation menée sur différents sites du territoire national, les partenaires sont rapidement convenus d’un certain nombre de :
1. Constats
ü Absence d’un référentiel Métier en terme de compétences,
ü Inadéquation des formations initiales existantes et formations continues trop peu adaptées aux besoins spécifiques,
ü Besoin de professionnels ayant de bonnes connaissances en droit et législation sociale, sur le champ des pathologies handicapantes et dans le domaine de la relation à l’Autre,
ü Nécessité de faire reconnaître officiellement la fonction de ce professionnel intermédiaire pour garantir la place de la personne porteuse d’handicap(s) au sein d’un dispositif d’aide et d’accompagnement.
2. Observations
Le technicien d’insertion est un « généraliste » témoignant d’un bon niveau de culture, capable d’analyser des situations, de rendre compte de ses travaux à la fois dans un langage simple et accessible aux personnes accueillies et accompagnées comme à des interlocuteurs professionnels et institutionnels.
Il doit être à même de formaliser ses analyses dans des documents récapitulatifs, dans la contribution apportée à l’élaboration, voire à la pérennisation, de projets.
Il convient qu’il témoigne également d’une sensibilité et d’une ouverture aux handicaps sans pour autant devenir un spécialiste de telle ou telle atteinte physique ou mentale.
Il est souhaitable qu’il ait une grande curiosité vis-à-vis de l’évolution des cadres législatifs et du fonctionnement des instances décisionnelles en ayant une parfaite connaissance des compétences relevant des uns ou des autres (dispositif médico-social, type de subventions, services dispensateurs…).
Il va d’évidence qu’il doit être soucieux de travailler en réseau(x) en apportant sa participation active, voire en créant le maillage nécessaire à la conduite du projet de telle ou telle autre personne, ce qui requiert une bonne connaissance du territoire, bien sûr, mais également de l’environnement immédiat de la personne à aider.
Il doit être en mesure de participer à la conception de parcours évolutifs en tenant compte de la spécificité du handicap, des choix et des rythmes de la personne aidée. Ainsi, il doit pouvoir projeter un itinéraire, un calendrier de réalisation, des modalités d’évaluation périodiques et de réajustement des objectifs...
Rôle et Missions du Technicien d’Insertion
Dans un imbroglio de professionnels intervenant
dans le champ médico-social, il serait facile de dire « encore un
acteur de plus » et, sans nul doute, certains s’empresseront-ils de le
dire mais nous ne devons pas nous attarder sur ces réactions incontournables
d’autant qu’elles émaneront le plus souvent :
Proche de la fin de l’expérimentation nationale,
le rôle du Technicien d’Insertion apparaît bien différent de celui des autres
personnels intervenant dans le champ de l’insertion très souvent interprétée
comme professionnelle ou socio-professionnelle (chargé d’insertion,
coordinateur d’insertion, conseiller en insertion, technicien d’insertion…)
d’où l’importance aussi de concevoir un intitulé exact qui soit le reflet des
rôle et missions et non la duplication d’intitulés dont les charges sont bien
différentes.
L’association GEIST 21 Gironde développe depuis
10 ans un certain nombre d’actions au nombre desquelles se trouve le service du
SESSAD qui accompagne les parcours intégratifs et qui, au fil des ans, a évolué
et s’est modifié pour parvenir à ce qu’il est aujourd’hui : un service
d’éducation spéciale et de soins à domicile accueillant les enfants et jeunes
adultes de 0 à 20 ans, essentiellement dans leur parcours scolaire en milieu
ordinaire. Ce service, appuyé sur des valeurs associatives fortes, ne représente
qu’une partie du chemin qu’enfants porteurs de Trisomie 21, et parents
associés, ont à mener. Un parcours semé
de telles embûches à chaque instant que ces familles ont besoin de recourir à
des aides extérieures spécifiques et adaptées.
C’est donc bien en ce sens que l’association
GEIST 21 Gironde s’est associée à l’expérimentation nationale pour vérifier
l’adéquation de ce métier déjà développé au sein des SRAI AFM et des ESVAD APF.
Le rôle du Technicien d’Insertion tel que conçu
par l’Association GEIST 21 Gironde signifie l’accompagnement global du projet
de référence s’il existe , voire de son élaboration avec l’usager et sa famille, en concertation avec
les différentes instances déjà en place.
Chaque personne, porteuse de la Trisomie 21, est
différente de par :
ü
sa
localisation géographique (l’association intervient sur l’ensemble du
département de la Gironde),
ü
son
histoire de vie,
ü
ses
difficultés à résoudre,
ü
son
encadrement médical et para-médical,
ü
son
(ou ses) lieu(x) d’intégration,
ü
son
environnement immédiat (famille et proches)…
chacun ayant, bien évidemment, une vision
parcellaire de la réponse globale sans en détenir les modes de réponses
appropriés et individualisés.
Le rôle du Technicien d’Insertion est donc un
rôle d’interface entre les différents acteurs du dispositif tout en ayant la
qualité d’initier un certain nombre de solutions, d’où les connaissances
multi-disciplinaires qu’il lui faut acquérir. C’est ainsi que l’association
GEIST 21 Gironde le définit en tant que « référent » du
projet au sens où il intervient dès :
ü
la
prise de contact initiée par une famille « en détresse » (contact
téléphonique, visite, sollicitation orale…),
ü
le
signalement d’un professionnel du SESSAD,
ü
l’information
d’un tiers médiateur extérieur (services de néo-natalité, de pédiatrie…).
2.1 La
procédure concernant le mode d’intervention du Technicien d’Insertion au sein
de l’Association GEIST 21 Gironde reste à être entérinée par le Conseil
d’Administration, au jour d’aujourd’hui. Cependant, il est d’ores et déjà
possible d’observer un certain nombre de pratiques qui ont été développées
pendant la durée de l’expérimentation, certaines d’entre elles ayant largement
fait la preuve de leur efficacité.
ü
Quand
une famille prend contact avec l’association, l’animatrice en charge de
l’accueil des familles transmet l’information au Technicien d’Insertion qui
prend immédiatement contact et convient d’un premier rendez-vous en binôme.
ü
Le
binôme qui intervient en première visite fluctue dans sa composition.
Cependant, l’association veille à ce qu’il y ait toujours, en sus du Technicien
d’Insertion, une personne capable de présenter l’Association du point de vue de
ses valeurs, ses actions, ses mobilisations… Au cours de l’entretien, l’intervenant
–souvent bénévole et/ou parent d’un enfant/adolescent porteur de Trisomie 21-
après avoir présenté l’Association se met en retrait et laisse au Technicien
d’Insertion le soin de guider l’entretien afin d’affiner la demande et d’en
trouver le sens exact pour donner à la famille en situation de sollicitation,
voire en attente de solutions immédiates, différentes pistes de réflexion et
d’actions.
ü
La
première visite (d’une durée d’environ 1h30) est suivie d’un débriefing
(parfois sur le chemin du retour quand le lieu est éloigné) qui permet aux deux
« visiteurs » de vérifier qu’ils ont bien entendu les mêmes choses,
interprété les mêmes sollicitations… Il revient alors au Technicien d’Insertion
de rédiger, dans les jours qui suivent, la lettre de confirmation
d’entretien, lettre dans laquelle il reprend l’ensemble des points abordés
et les orientations prisent consensuellement.
2.2
Dorénavant, le Technicien d’Insertion entre seul dans l’action et il lui
appartient dès lors de prendre le relais, de mobiliser ses connaissances dans
le domaine concerné, de les agencer de telle sorte qu’elles puissent être
présentées de manière opérationnelle à la famille (d’où l’incontournable
nécessité de sa pluridisciplinarité ; le Technicien d’Insertion doit
pouvoir affirmer sa polyvalence). Si besoin est, il va alerter les partenaires
de terrain (notamment le SESSAD si l’enfant est accompagné par ce service ou
d’autres acteurs selon le cas), coordonner les différentes actions et monter
une stratégie, si besoin, en réalisant lui-même un maillage personnalisé avec
les différents intervenants parfaitement identifiés dans l’environnement
immédiat de la personne porteuse de Trisomie 21.
Le Technicien d’Insertion n’existe que par ses
partenaires, ceux du terrain ou ceux du réseau qu’il a lui-même constitué
autour d’une problématique spécifique. Il n’a de sens que s’il entretient le
maillage et ne doit pas hésiter à passer le relais, le moment venu.
Le Technicien d’Insertion est dépositaire d’un
certain nombre de choses à traiter mais il n’en est pas le propriétaire, bien
au contraire. Il doit laisser à la personne concernée, ou à son représentant
direct, le soin de tenir les rênes pour parcourir le chemin tout en tenant
l’attache. Il ne peut en aucun cas se prévaloir d’une quelconque
propriété ; par contre, il est responsable de la bonne marche du projet,
des synergies développées et de la stratégie mise en œuvre. La démarche n’est
pas aisée car le Technicien d’Insertion, référent de la démarche, doit se
contraindre à une mise en retrait forcée pour mieux laisser la personne et sa
famille prendre la pleine dimension de son projet, sans pour autant se sentir
brimé.
Le Technicien d’Insertion doit faire preuve
d’initiatives ; il doit être capable d’innover, d’impulser des dynamiques
au regard des problématiques qui lui sont posées par la famille et qui ne sont
jamais ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait différentes, les unes des
autres.
L’expérimentation de la fonction au sein de
l’Association GEIST 21 Gironde a renforcé l’un de nos ressentis (valeur chère à
l’AFM) : le Technicien d’Insertion doit garder une capacité à s’indigner
d’où émanera sa force motrice dans sa volonté de progresser.
Le Technicien d’Insertion peut être amené à
intervenir à tous les âges de la vie et en tous lieux. Il est appelé à côtoyer
différentes formes d’interlocuteurs tels que les parents et familles, les
professionnels du secteur de la santé, les tiers médiateurs sociaux…
3.1 A
tous âges
Le Technicien d’Insertion peut intervenir tant à
la demande des parents, voire de la famille d’accueil, si l’enfant est mineur
ou si la personne est sous tutelle qu’à celle de la personne elle-même si elle
est responsable de ses actes et capable de verbaliser ses choix, ses envies… Il
peut donc être amené à accompagner des bébés au sortir de l’hôpital (voire leur
famille, à leur demande, durant la période prénatale une fois le diagnostic
posé). Il peut tout aussi bien accompagner des adultes en recherche de foyer
d’hébergement ou de maison de retraite, l’âge venu.
3.2 Les
domaines d’intervention sont aussi variés que vastes et le Technicien
d’Insertion peut intervenir dans un ou plusieurs champ(s) :
ü
social,
médico-social, thérapeutique,
ü
économique
et familial (budget, logement, sexualité…)
ü
éducatif
et pédagogique,
ü
formatif,
ü
intégratif
en milieu associatif,
ü
intégratif
au niveau de la vie professionnelle.
Variés à souhait, les modes et domaines
d’interventions du Technicien d’Insertion sont bien la preuve qu’une multi-disciplinarité
est requise pour l’exercice de telles fonctions, d’autant qu’un certain nombre
d’acteurs dits spécialistes sont eux-mêmes mal à l’aise avec la Trisomie 21 de
par leur méconnaissance du syndrome.
Tout cela permet d’affirmer qu’il devient urgent
de :
-
construire
un référentiel-métier
propre à la fonction de Technicien d’Insertion,
-
réaliser
une formation continue spécifique à partir de certains profils professionnels initiaux,
-
travailler
à des formations complémentaires pour les acteurs professionnels de la santé et du social,
-
faire
reconnaître le bien-fondé de cette fonction par les institutionnels et organes financeurs en dotant les
associations en charge de problématiques bien spécifiques de moyens humains,
techniques et financiers susceptibles suffisants pour les aider à faire face à
ces nouveaux modes d’accompagnement et aux demandes de plus en plus pointues
des familles en demande, voire en souffrance.